Hervé, Annabel, Inaya, Thaïs, Témoé sur www.voiliermaloya.fr
Traversée de l'Atlantique, fin avril à début mai 2018
Mercredi 18/04/2018
- 12°29.37'N 016°42.45'W
L'heure du
départ approche.... et l'heure de quitter le Sénégal et les amis aussi.
Douce et
belle escale, un autre continent, un autre rythme. La quiétude s'installe quand la nuit nous couvre de ses étoiles. La
température redescend. Le fleuve murmure. Maloya est juste posé sur l'eau. Plus
un bruit, juste le bruissement de la mangrove. Une journée s'est écoulée.
Ici, Le voyage s'appelle
découverte...
Mais voilà, le
voyage, c'est partir et encore repartir.
Les alizés
nous attendent.
Nous
traversons l'Atlantique avec deux autres bateaux, tous deux en partance pour la pointe de
Brésil. L'un continuera vers le sud et la Patagonie. L'autre vers le nord et
Panama. Peut-être nous retrouverons nous dans un autre océan. Nous devrions
naviguer à vue, sinon à portée de VHF pendant quelques jours.
Notre route
est simple : garder la même latitude et aller en direction du soleil jusqu'à toucher
terre. Cela pendant trois semaines. Première destination des Antilles : La
Barbade, puis les Grenadines et enfin la Martinique à la fin de l'été.
Nous avons
une belle fenêtre météo pour la traversée. Alizés établis et stables. Du vent
du nord pour la première semaine, soit un vent de travers. Puis une fois le Cap
vert derrière nous, des vents plus soutenus et de nord-est. Enfin, les prévisions pour la
dernière semaine sont des alizés d'est, soit plein vent arrière. Maloya devrait
glisser comme une planche de surf sur la longue houle de l'Atlantique.
C'est
finalement à cinq que nous faisons cette transat. Pas d'équipier ni de
raccourcis en avion. Les filles sont partantes pour cette grande
navigation. Pas d'école, grasse mat' et films à volonté. Pourquoi s'en priver?
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Sortie du fleuve Casamance avec Theleme et Pikaia |
Vendredi 20/04/2018
19:44 (utc) - 11°27.03'N 020°12.12'W
Départ de Casamance
avec une sortie un peu agitée dans la passe. Nous sommes dans l’océan, tout va
bien…
Mer un peu hachée
au début, il faut s’y remettre après un mois au calme.
Nous filons à
plus de 7 nœuds de moyenne. Super !!!
Plus que
2310 milles...
Les deux
autres bateaux disparaissent dans la nuit. Bonne nav’ les amis ! Nous
aurons de vos nouvelles de l’autre côté. Que les vents vous soient favorables….
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Maloya sous voiles |
Dimanche 22/04/2018
19:58 (utc) - 10°53.44'N 025°25.99'W
Çà y est,
nous sommes au sud du Cap Vert. Plus que 4/5 de la navigation à faire, soit
seulement 2 000 milles encore à parcourir!
Le mal de
mer commence à diminuer, mais aujourd'hui, Herve nous a fait une bonne gastro.
On espère que demain sera mieux...
Les filles
sont extra. Elles sont dans le cockpit toute la journée à jouer dans un monde
imaginaire. Pour l'instant, pas question de sortir les playmobiles, les
coloriages ou livres, on n'est pas assez amariné. On espère que ça viendra vite.
Coté météo,
c'est parfait. 15 à 20 nœuds de vent par le travers. Maloya file entre 6 et 8 nœuds
et on commence à rejoindre notre trajectoire idéale.
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Fin de soirée sur l'océan |
Mardi
24/04/2018 20:29 (utc) - 10°20.12'N 029°44.84'W
Et voilà,
toujours en mer, avec encore 1764 milles à faire. Le cap vert est maintenant loin
derrière nous. Nous voguons au-dessus des plaines abyssales par 5000 m de fond,
et allons bientôt passer au-dessus de la dorsale médio-atlantique, soit le
centre géologique de l'Atlantique. En bref, on avance.
Nous avons
rangé la grand-voile et mis le génois et la trinquette tangonnée en ciseau. La
dérive est complètement relevée. Maloya vogue à 140 degrés du vent à un peu
plus de 5 nœuds. Nous avons commencé notre longue route au portant. Les
prévisions météo pour la suite sont bonnes. Le beau temps en France est
synonyme d'une météo stable ici. La houle n'est pas encore trop marquée, mais
une mer plutôt hachée avec quelques moutons. Maloya du haut de ses 15 mètres et
20 tonnes passe tranquillement au milieu de ce bleu infini. Nous sommes heureux
d'avoir un bon bateau... Les vols de perroquets de la Casamance ont laissé
place aux bancs de poissons volants.
Coté équipage,
Hervé a terminé sa gastro - mal de mer, et après une cure de riz blanc, a
repris une forme et un régime normal. Ne vous inquiétiez pas pour ces quelques
premiers jours sans manger, il a encore quelques réserves. Les filles sont en
forme, fini le mal de mer. Elles ont retrouvé les playmobiles à l'intérieur,
dessins, bricolages, films, jeux sur la tablette et lecture. Nous avons hâte
d'animer nos nuits de quarts des 7 saisons de la série Game of Throne. On avait
un peu de retard…
Pas grand
monde à l'horizon depuis le départ, quelques traces lointaines sur l'AIS ou au
radar.
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Inaya en pleine lecture d'Astrapi |
Jeudi
26/04/2018 20:42 (utc) - 10°09.40'N 033°47.32'W
Ce soir,
c'est pizza film! Vaïana, histoire de rester dans le thème.
Thaïs a
perdu une dent. La petite souris aura du mal à nous rejoindre, elle nous a fait
savoir qu'un poisson volant nous rendra visite.
Coté santé,
c'est encore bouché pour certains intestins et trop fluide pour d'autres. Témoé
a vomit encore deux nuit de suite et dort avec nous dans le cockpit. Bref, nous
avons hâte de nous amariner.
Le vent a
faibli, et nous avons remis grand-voile haute et génois pour accélérer et être
plus confortable sur les vagues. Du coup, une route un peu plus sud. Les moutons
sont rentrés à la bergerie. La température a augmenté et les nuits moins
fraiches.
Cela fait
quelques jours que le bleu profond de l'océan est maculé de taches marrons. Des
algues sargasses. Avec leurs petits flotteurs, elles forment des bancs à la
surface de l'eau. De nombreuses petites crevettes et autres petits poissons
profitent de ces ilots flottants pour s’abriter. Toute cette vie se déplace
comme nous, en bateau, sur les océans, poussée par les vents et courants.
Nous ne
pouvons pas pêcher à la traine, car les lignes ne feraient que de se prendre dans
les algues. Pas de poisson frais pour la transat, on mange du thon en
boite !
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Bancs d'algues Sargasse. L’océan en est maculé... |
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Détail d'algues Sargasse, avec les flotteurs. |
Samedi 28/04/2018
21:21 (utc) - 10°33.77'N 038°12.97'W
Déjà 10
jours, encore 10 jours et 1250 milles à parcourir. Nous sommes bien au beau
milieu de l'Atlantique.
Nous prenons
le rythme bien que nous soyons déçus de ne pas être totalement encore adaptés
aux mouvements du bateau. Seule Thaïs, qui était très sensible au mal de mer au
début du voyage, est adaptée, dedans comme dehors. Nous alternons tous les deux
les quarts, de jour comme de nuit, toutes les 3 heures. Du coup, nous ne sommes
réunis qu’autour des deux repas.
Les
activités du bord sont lectures, playmobiles, travaux manuels, films et
observation de la mer. Il y a plein d'oiseaux, d'abord des fous de bassant puis
maintenant des sternes et d'autres oiseaux de haute mer que nous ne
connaissions pas. Et toujours les bancs de poissons volants. Par contre, nous
n'avons croisé que quelques dauphins les premières nuits.
Les filles
commencent à avoir besoin d'activités physiques et nous commençons à être las
de ce mouvement perpétuel.
Nous sommes
étonnés du nombre de cargos que l'on croise au loin, quasiment un par jour. Grâce
à l’AIS, nous voyons sur notre carte électronique les cargos qui sont autour de
nous, jusqu’à 25 milles.
Chaque jour,
les filles attendent leur "surprises de navigation". Ce sont des
livres, des revues, des petits jeux et activités manuelles.... de quoi les
occuper quelques heures.
Nos tâches
quotidiennes s’organisent entre faire du pain, du yaourt, la cuisine puis la
vaisselle (tâche la plus pénible quand ça bouge, il fait chaud à l’intérieur et
il faut économiser l'eau), la lessive à la main (avec l'eau argileuse du puits
de Casamance, l'avantage est qu'on ne sait pas si la couleur de l'eau vient
des habits sales ou de l'eau elle-même), la douche au pulvérisateur, la
vérification du pont, des voiles, des fonds, du pilote automatique, des safrans,
de l'arbre d'hélice.... Le moteur n’a pas tourné depuis le départ, et les
panneaux solaires et l'alternateur entrainé par la ligne d'arbre nous
produisent assez d'énergie pour compenser le pilote automatique et
l’électronique qui fonctionnent en permanence.
En plus de
l'eau de boisson, nous consommons 10 à 15 l d'eau par jour pour la famille. Nous
sommes partis avec 1000 litres d’eau dans les réservoirs plus de l’eau en
bouteille pour boire.
Le vent est
constant, on est bien dans les alizés, 15 à 20 nœuds, mais de travers. La houle
océanique est peu formée à l'exception de quelques séries de vagues. Le bateau
encaisse très bien les accélérations de vent et les secousses des vagues.
Il fait
beau, le temps se réchauffe. La nuit, nous avons rangé les bonnets, plus besoin
que d'une petite couverture polaire.
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Préparation du repas par les filles |
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Poisson volant atterri sur Annabel lors de son quart de nuit : sursaut garanti! |
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De temps en temps, des oiseaux terrestres, fatigués, se posent sur le bateau quelques jours, le temps de reprendre des forces |
Lundi 30/04/2018
21:32 (utc) - 11°20.57'N 042°40.91'W
Nous n'avons
pas encore gouté à la longue glissade, vent arrière, sur la longue houle de
l'Atlantique. Nous avons fait une route un peu plus sud au départ, et nous
sommes plus sud que notre trajectoire directe. Nous naviguons encore à 130 degrés
du vent, avec une houle de travers. De temps en temps, une plus grosse vague
vient éclater sur le côté de la coque et nous projette des embruns dans le
cockpit. Petits sursauts garantis.
Cette nuit, Annabel m'appelle en urgence vers 3 h du matin. Il me reste encore une heure à dormir.
La barre ne répond plus... Le bateau s’est mis naturellement sur une nouvelle trajectoire
où il reste stable, à 90 degrés du vent. Nous naviguons sous 3 ris dans la
grand-voile et génois, par 20 à 25 nœuds de vents. La lune est pleine et éclaire
les embruns dans cette nuit nuageuse. Nous parlons avec efficacité et gardons
notre sang froid. Je descends dans le coffre arrière pour regarder le secteur
de barre, le pilote automatique et les drosses. Rapidement, je découvre l’axe
qui relie les safrans au secteur de barre, dessoudé. Point faible de toute
cette tringlerie. Je monte la barre de secours sur les safrans, et Annabel
prend la barre pour nous remettre en marche. Je fouille dans l’atelier pour
prendre quelques outils et boulons. Je replonge dans le coffre pour mettre un
nouveau boulon à la place de l’ancien. La tête du boulon dépasse et bloque la
tringlerie. C’est pour ça qu’il était soudé et non vissé... j’hésite à sortir
mon poste à souder, ma pratique date de mes cours d’IUT en mécanique, il y a plus
de 20 ans, et le poste est tout à l’avant, bien rangé au fond d’un coffre. Mon
cerveau fume. Je démonte la plaque support, intercale un autre écrou, et trouve
le boulon qui faut pour fixer la rotule. Je n’ai pas le bon diamètre, mais bien
serré, ça devrait tenir. Je remonte le tout, essaye le pilote, enlève la barre
de secours. Nous reprenons notre route normale. Notre petit boulon chéri semble
tenir. Merci notre petit boulon. La pression descend. Sans barre, faire 1200
milles n’a rien de rigolo.
Pour fêter
cette réparation, on se prend un verre d ice-tea (la super boisson quand on n’a
pas soif et qu’il faut boire, et la seule boisson qui a bon gout à vomir). Je
re-regarde notre petit boulon, il fait bien son boulot. Annabel va dormir et je
prends mon quart.
La santé de
tous va mieux. Transit et mal de mer sont passés. Nous ne buvons que de l'eau
en bouteille depuis le départ, pour prévenir ces problèmes digestifs.
Cet après-midi,
après avoir fait un check du bateau, caressé affectueusement notre vaillant
petit boulon, je contrôle la tension des batteries. Elle est basse, mais rien d’alarmant.
Normalement, avec les panneaux solaires et l’alternateur de ligne d’arbre, on
est toujours chargé à bloc. Petit tour avec la pince ampermétrique et le testeur.
L’alternateur de ligne d arbre ne débite pas beaucoup. Peut-être que des algues
sargasse sont prises dans l’hélice, il y en a toujours en quantité autour de
nous. Il nous reste les 550w de panneaux solaires, le temps est certes nuageux,
mais les ampères ont du mal à sortir des panneaux. On barre pour limiter la
consommation du pilote, et on coupe le frigo. Il faut réfléchir encore, garder
son sang-froid. Au pire, nous avons toujours le moteur pour recharger les
batteries.
Ce soir, les
filles nous font un spectacle de danse, en costume. Elles sont loin du petit
boulon et de la charge des batteries, ça nous fait plaisir de les voir ainsi, jouer,
rire, et profiter de la transat. Nous nous échappons. Plus que 1000 milles...
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une autre fin de soirée... |
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piscine et jeux d'eau dans le cockpit |
Mercredi
02/05/2018 21:29 (utc) - 12°12.27'N 047°27.62'W
Nous avons
passé les deux tiers de la transat, et retrouvé les fonds de 5000 m des plaines
abyssales. Reste 6 jours de mer, et une arrivée prévue le 8 mai.
Notre 1 mai
n'a pas été férié, car après une nuit longue et fatigante à barrer pour
économiser l'énergie, j'ai cherché la panne électrique. Pourquoi les ampères
partent et ne rentrent pas dans les batteries ? Transpiration dans le local
moteur avec la pince ampermétrique, à vérifier les connections, les fixations
et les tensions. J’ai finalement trouvé un panneau solaire HS. Les deux
panneaux sont montés en série, et donc plus de production solaire, ce qui
représente le gros de notre production électrique. L'alternateur de ligne
d'arbre est de nouveau en marche, et un seul panneau solaire fonctionne. Les ampères
remontent, nous rallumons le frigo, et le pilote reprend du service. Le petit
boulon est toujours en place. Merci petit boulon.
Les filles
vont bien, nous enchaînons les parties de UNO et de « qui est-ce ? »,
sans oublier de regarder encore et encore l’Age de glace. Dessins et lectures,
siestes, douche au pulvérisateur, regarder la mer et les poissons volants. Toujours
pas de pêche, par manque d'envie et présence des algues qui se prendraient dans
la ligne.
Voilà, plus
que 6 jours à se faire valser avant de rejoindre la Barbade…
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Merci la tablette.... |
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Un cargo, juste avant de se faire engloutir par une vague gigantesque... |
Vendredi
04/05/2018 22:22 (utc) - 12°54.99'N 051°55.13'W
Hier, nous
n'avions plus que 1/4 du trajet, et aujourd’hui plus que 1/5 du trajet. Les
milles défilent, il nous en reste 450 à faire. On espère toujours arriver le 8
mai.
Les
prévisions météo sont bonnes et stables. Pas de problème technique à signaler. Nous
mettons à l’eau notre filet à plancton pour prélever des échantillons pour
l’association Astrolabe. Nous avons toujours la surprise de prendre, en plein
milieu de l’océan, des petits crabes et crevettes cachés dans les algues
sargasse. Thaïs et Témoé en profitent pour les observer et en adopter quelques-uns,
avant de les conserver dans une éprouvette d’alcool.
Les filles
dessinent les plans de leur futur centre équestre, ou ferme avec de nombreux
animaux, qu'elles auront plus tard. Elles nous abreuvent d’explications et
détails et nous demandent des conseils. Gare à nous si nos réponses sont trop
évasives... Nous bouquinons et passons du temps à rêver et admirer l'eau qui
passe le long de la coque, les levers et couchers de soleil, les étoiles qui
brillent, la grande ourse presque à l'horizon et la croix du sud enfin visible.
Enfin la lune qui se lève et ne laisse briller que quelques étoiles.
C’est long,
mais ces moments en famille resteront gravés dans nos mémoires. Cette vie à 5
dans quelques mètres carrés, bercés par la houle...
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Filet à plancton trainé à 2 nœuds durant 10 minutes |
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Collecte des échantillons |
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Observation des échantillons avec un smartphone transformé en microscope |
Dimanche
06/05/2018 22:20 (utc) - 13°15.78'N 056°21.91'W
Nous filons
vent arrière, le génois et la trinquette en ciseau, c'est à dire, ouvertes
comme les pages d’un livre. Nous naviguons entre 140 et 170 degrés du vent,
suivant la houle et la force du vent, pour être le plus confortable possible. De
temps en temps, de grosses vagues de 3 à 4 mètres nous dépassent, déferlent
dans la jupe, et font partir Maloya dans un petit surf. Nous sommes trop lourds
ou pas assez toilés pour vraiment continuer à surfer toute la vague. L’océan
est d’un bleu profond. Quand le sommet des vagues est bien dessiné, leur crête
devient bleu clair, presque translucide. C’est beau ! Toujours ces langues
d'algues à la surface, dans le sens du vent, l'océan en est moucheté. On se
fait toujours un peu ballotté de gauche à droite, mais nous avons une bonne moyenne,
avec des vents de 15 à 25 nœuds. Arrivée toujours prévue le 8 mai. Demain est
donc notre dernière journée complète en mer. Moins de 200 milles. Étrange d'y
penser, se dire qu'après, tout ça va s'arrêter, que nous serons à la Barbade.
D’ici là,
nous restons vigilants et observons attentivement le bateau, et prenons soin de
notre petite famille.
Ce soir
c'est pizza!!! Merci Annabel
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Génois et trinquette tangonnée, en ciseau |
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Dernières manœuvres avant la nuit |
Mardi 08/05/2018
12:31 (utc) - 13°05.51'N 059°36.90'W
L'ancre a
touché le sable de la Barbade.
Nous l'avons
rêvé, nous l'avons osé, nous l'avons fait!
Nous avons
traversé l'océan Atlantique en famille. Trois semaines de mer, loin de tout, à
compter sur nous même, à vivre dans notre petit monde, poussés par les vents,
et bercés par la houle. Les jours et les nuits se sont enchaînés, les milles
additionnés. Enfin, voici la Barbade. Des plages de sable blanc bordées de
cocotiers, dont les palmes s'agitent doucement, caressées par les alizés
chauds. Une destination des tropiques qui ressemble aux autres, mais pour celle-ci,
le Petit Prince nous aurait chuchoté "vous l'avez apprivoisée".
Traverser
l'Atlantique en famille ne s'achète ni ne se donne, nous avons provoqué la
chance, et cette transat nous appartient. Plus que le souvenir d'un moment
passé, une longue page de notre histoire familiale se tourne. Nous aurions pu
venir en avion, être équipier sur un autre bateau, ou nous y arrêter le temps
d'une escale. Mais bien plus que la destination, ce qui compte à nos yeux,
c'est le chemin parcouru, c'est être en chemin.
Nous allons
maintenant mettre le pied à terre, croiser des visages, embrasser la foule.
Moment tant attendu mais aussi redouté. La tension va tomber, nos jambes faire
plusieurs pas de suite, sans que nos mains nous retiennent. Une bonne douche,
abondante et chaude. Et ce soir, un bon repas dans un bon resto. Des assiettes
immobiles sur une table vont remplacer nos bols tenus entre nos genoux.
Et enfin,
rassasiés et pleins de quiétude, nous nous endormirons pour une longue nuit
complète. Nous pourrons alors rêver : Nous avons traversé l'Atlantique en
famille.
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Fatiguée après ces nuits de quarts? mais heureuse d'arriver... |
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Approche du mouillage... |
La transat en quelques chiffres :
0 lever ou
coucher de soleil, car il y avait en permanence une couche de brume ou de nuages
sur tout l’horizon. On a juste eu parfois quelques couleurs. Certainement des
vents de sable venus du Sahara.
1 Fuite
d’eau salée dans les fonds dès le troisième jour, due à l’arrivée d’eau de mer
des toilettes.
2 Cargos en
route de collision, très proche, en plein milieu de l’Atlantique. Nous avons
croisé beaucoup de cargos à moins de 20 miles de nous (soit environ 35 km),
tous les jours de la traversée. L’océan est peuplé !
6 nœuds,
notre vitesse moyenne. Une bonne vitesse pour nous. Imaginez, nous avons
traversé l’Atlantique à 10 km/h, soit la vitesse d’un jogger !
10 nœuds,
notre vitesse maximum sur un surf.
20 jours en
mer, loin des côtes, et autant de nuits de quarts à se relayer toutes les trois
heures pour prendre son tour de soin du bateau.
60 surprises
de navigation pour nos trois filles, soit des petits bricolages, des petits
travaux manuels, des livres…. Ces surprises ont bien participé à la bonne
humeur générale et à chasser l’ennuie.
2788 milles parcourus,
soit 5000 km
Des milliers
de poissons volants.
Des
milliards de vagues venant du travers, qui inlassablement ont fait dandiner
notre voilier ou ont arrosé le cockpit…
Et beaucoup
de bonheur d’avoir fait cette transat en famille….