mardi 15 mai 2018

Martinique

Nous laissons la Barbade dans notre sillage pour un retour en France : Direction La Martinique, et la baie du Marin. Ce trou à cyclones abrite la plus grande marina de l'arc antillais, et on y trouve une importante flotte de catamarans de location, de voiliers de voyage, des boutiques d'accastillage, des professionnels du nautisme et bien sûr, les bars, restaurants et autres magasins pour approvisionner les occupants de cette gigantesque forêt de mats. Certains apprécient d'y retrouver un point d'ancrage, confort et réconfort, ou de quoi réparer après une transat. D'autres fuient ces bateaux agglutinés au fond d'une mangrove à l'eau douteuse.

Arrivée en Martinique
Avant de poursuivre notre voyage, nous voulons nous arrêter pour travailler une année et remettre les enfants à l'école. Le Marin est réputé pour être une bonne destination pour refaire la caisse de bord. Nous profitons de cette escale pour prendre nos marques avant la rentrée de septembre, puis de continuer sereinement notre voyage dans le sud des Antilles.
S’enchainent alors lessives, rencontres et retrouvailles, bricolages, écriture de CV, démarches administratives, courses, et de bonnes douches, chaudes et longues, pour clôturer la journée. De nombreux enfants de bateaux se retrouvent après l'école pour jouer ensemble et faire du roller sur une esplanade, tandis que les parents, assis sous des cocotiers, papotent en sirotant une bière. On se croirait dans une grande cour de récréation!

Thaïs est sous le plancher, pour nettoyer les fonds

Et Témoé nettoie bocaux et bouteilles avant de les ranger à nouveau

Même sous les cocotiers, l'école. L'année n'est pas encore terminée
Pour la rentrée, Inaya a déjà essayé son futur cours de danse classique, Thaïs a visité le centre équestre où elle rêve de monter, et Témoé est ouverte à tout, tant qu'on s'y amuse. Nous avons visité et inscrit les filles à l'école, à quelques pas de la marina. Annabel a trouvé un poste de Kiné en libéral dans un cabinet à 20 minutes en voiture. En pleine forêt et au contact des locaux, de quoi profiter pleinement de la Martinique. Hervé, après avoir hésité à se remettre à son compte en temps qu'artisan agenceur, a trouvé un poste en salarié dans une menuiserie spécialisée dans le nautisme, et ce à cinq minutes à vélo du bateau.

Thaïs a trouvé une vieille imprimante dans une poubelle et prend un grand plaisir à la démonter pour récupérer quelques pièces....
Nous profitons de ces trois semaines d'escales pour visiter l'intérieur des terres avec notre voiture de location. Nous avons le plaisir de gouter aux bouchons pour nous rendre à la capitale, Fort de France. Tous les matins, tous les soirs, la quatre voie, artère principale de l'ile, est saturée de voitures avec un seul conducteur, confortable dans sa bulle sonorisée et climatisée. Outre l'absence de transport en commun, la voiture est reine, chérie, statutaire, indispensable et irremplaçable. Coté pollution, nous apprenons aussi que toutes les bananes que nous mangeons en métropole, et produites dans les Antilles, sont contaminées au chlordécone, un perturbateur endocrinien, neurotoxique et cancérigène, reconnu pourtant depuis longue date. Ce pesticide utilisé pendant plus de 30 ans a pollué de façon durable les sols antillais. Les békés, blancs descendants des anciens esclavagistes, et détenant une grande part de l'économie et de l'agriculture en Martinique, sont montrés du doigt. Une crise méconnue de la métropole mais qui a des répercutions à la fois sanitaires, environnementales, économiques et sociales. Du coup, y'en a qui ont moins la banane avec cette affaire explosive!



Pour finir avec l'environnement en Martinique, citons l'arrivée massive cette année des algues sargasses sur les Antilles et sur la cote au vent de l'ile. Plusieurs mètres d'épaisseur d'algues accumulées par le vent, agglutinées sur les plages et dont les gaz toxiques issus de leur décomposition font fuir la population, ou du moins les touristes.  Peu de solutions pour résoudre le problème : quand on la coupe, de chaque morceau nait une nouvelle algue ; elle est trop humide pour être brulée; elle est trop salée pour servir d'engrais; en compost, il faut l'associer avec d'autres végétaux et sa décomposition est nauséabonde...
Notre route emprunte aussi celle du commerce triangulaire. Après notre passage au Sénégal, nous découvrons ce qu'ont enduré ici les esclaves, dans les plantations de canne à sucre, et tout le métissage de la population qui en résultera. Petite anecdote de l'Histoire : Au début du siècle dernier, sous Napoléon Ier, lors du blocus continental contre les anglais, plus aucun produit des Antilles ne parvient en France, dont le sucre produit à base de canne à sucre. Le sucre est alors produit directement en France, avec de nouvelles techniques à base de betterave, et pour moins cher. A la fin du blocus, la production de sucre dans les Antilles s'effondre, et malgré des restructurations, concentrations, et grèves générales, le sucre à base de canne à sucre n'est plus le poids lourd de l'économie locale. Le rhum offre alors de nouveaux débouchés pour les plantations de canne. La qualité des rhums martiniquais n'est plus à démontrer!
Sinon, l'île est belle, verdoyante et accueillante. La mer est omniprésente. Un autre rythme donné par la chaleur, une autre ambiance donnée par son histoire. Une destination que nous ne nous lassons pas de découvrir.


Arrivée sur les Anses d'Arlet

Nous quittons le Marin et le sud de la Martinique pour remonter au nord de la cote sous le vent. Première destination : les Anses d'Arlet, au nord de la baie de Fort de France. En cette saison tardive, seulement quelques bateaux occupent le mouillage, et nous profitons de cette belle escale pour de superbes plongées et randonnées en palmes, masque et tuba (PMT).


Hervé est en plongée par 10 mètres de fond. Une bonne visibilité depuis la surface!
Maloya continue sa route vers le nord de l'île, et nous jetons l'ancre devant Saint Pierre, au pied du volcan, la Montagne Pelée. Ici, le sable est noir, donnant à la mer des reflets sombres malgré la clarté de l'eau. Cette ville est chargée d'histoire avec l'explosion du volcan la Montagne Pelée en 1902, voilà plus d'un siècle. Des nuées ardentes ont en quelques minutes dévalées les pentes du volcan, brûlant et ensevelissant les 30 000 habitants de cette ville, alors florissante et rayonnante sur les Antilles. Malgré les avertissement, secousses et fumerolles, la ville n'avait délibérément pas été évacuée, pour causes d'élections législative prévues deux jours plus tard. Trois personnes semblent avoir survécues, dont un célèbre prisonnier, protégé par les épais murs et l'orientation de sa cellule. Emprisonné pour quelques semaines, l'histoire retiendra qu'il était condamné à mort et fut célèbre comme phénomène de foires aux États-Unis. Comme quoi, l'Histoire...
Petit à petit, la ville s'est reconstruite sur les ruines de l'ancienne, le rayonnement et l'avant-gardisme en moins. Nous profitons de ce cadre montagneux pour quelques randonnées sur des pentes escarpées, à l'ombre d'une forêt luxuriante ou à la fraicheur de cascades. Le nord de la Martinique est sauvage et promet de belles découvertes!

La Montagne Pelée dans les nuages avec la ville de Saint Pierre en bord de mer


La gentillesse des martiniquais et la beauté de l'ile nous ont séduit. Après cette belle escale d'un mois et demi, l'arrivée de la saison cyclonique nous chasse et nous mettons les voiles vers le sud des Antilles : Direction les Grenadines!!!


Forêt luxuriante avec des fougères arborescentes

Inaya en forêt
Thaïs en forêt, mais la tête en bas

Sous une cascade d'eau fraiche

A la douche!

jet hydromassant...


rando au pied de la Montagne pelée

Sous un climat chaud et très humide

Témoé s'en donne à cœur joie dans la boue

Elle explore cette forêt démesurée, où la végétation occupe chaque espace

Le relief est parfois abrupte

Passage à pied d'une rivière

... ou en empruntant un pont de singe

Maloya au mouillage devant le village de St Pierre

C'est la fête des mères : Vive Annabel!!!!

Avec petits mots doux dans des fleurs en papier, entourées de bougies flottantes

....et lait de coco en cocktail!

Témoé, très fière d'avoir construit un pont sur arche

Inaya et Thaïs construisent un circuit de billes géant

Accrobranche
Inaya

Bambous géants







Surf tracté au mouillage




Inaya et Thaïs dans une figure en duo

Témoé en solo






Auto-portrait par Témoé


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